Laissez le bouger ! La période sensible du mouvement pour l’enfant jusqu'à 6 ans

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L'article : Laissez le bouger ! La période sensible du mouvement pour l’enfant jusqu'à 6 ans

Comme vu dans « deux incroyables raisons de faire confiance à votre enfant », de 0 à 6 ans, il existe plusieurs périodes sensibles qui permettent à l’enfant d’acquérir les caractéristiques spécifiques de l’espèce humaine. Dans cet article nous allons parler plus précisément de la période sensible du mouvement !

Pour Maria Montessori, le mouvement, et notamment celui de la main, est l’expression même de l’intelligence de l’Homme.

Au cours du premier plan de développement, le petit Homme acquiert toutes les bases des mouvements propres à son espèce et à ce titre, construit son intelligence, son individualité. L’adulte doit veiller à apporter l’aide utile qui lui permettra d’éprouver la pleine capacité de son corps et par conséquent de son moi psychique.

Développement moteur et développement psychique sont ainsi intrinsèquement liés et doivent être abordés de conserve.

Le mouvement se construit en trois temps : observation (l’enfant voit faire), temps d’intégration où l’enfant sait ce qu’il veut faire et action (il agit).

« L'effort ne tend pas à imiter, mais à créer en soi la possibilité d'imiter ; à se transformer soi même en ce qu'on veut être. » Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, page 129

A la naissance, le nouveau né est loin d’être inerte. Tout son corps cherche déjà à saisir son environnement au travers de ses sens et dans la mesure des limites dues à son immaturité motrice : mouvements des yeux, mouvements de la bouche (succion, déglutition, pleurs, cris), réflexe de grasping et de marche sont présents et posent les bases du développement ultérieur. Les réflexes de grasping et de marche vont disparaître pour faire passer l'enfant par un chemin de construction volontaire afin de fonder au passage son propre psychisme, sa personnalité.

  • Aux environs de deux mois, le bébé regarde ses mains, maintien ses mains devant ses yeux. Il lève la tête.
  • Vers environ 4/5 mois, le bébé se retourne sur le ventre. Cette position ventrale va permettre le détachement du sol. Il dirige sa main vers un objet qu'il perçoit et l'attrape en balayant la surface. Il sait ouvrir sa main pour saisir un objet.
  • Vers 6/8 mois, il marche à quatre pattes, s'assied seul. Il attrape les objets, les doigts se distinguent les uns des autres. Le bébé commence à pointer et à découvrir son pouce opposable.
  • Aux alentours de 1 an, on assiste au développement de la marche, les mains sont complètement mobiles.
  • Vers 2 ans l’enfant saute, danse, marche de façon assurée, dépose intentionnellement des objets de façon adaptée.
  • Vers 3 ans, le mouvement est volontaire et construit. C’est le début du mouvement engagé dans une activité avec un but défini tant en motricité globale que fine.
  • De 3 à 6 ans, on assiste au raffinement de la motricité globale et fine et à l’intégration psychique des subtilités de l’expression corporelle.

Afin d’accompagner le bébé puis l’enfant dans cette évolution, il est indispensable de garder à l’esprit que pour progresser, le petit doit se sentir en sécurité. Cela signifie qu’il doit toujours partir d’une position sécuritaire qu’il maîtrise et à acquis de lui-même avant de pouvoir en explorer une nouvelle.

Dans ce sens, bloquer les bébés dans des positions statiques, comme dans un transat, ou les forcer dans des positions qu’ils ne maîtrisent pas, comme en les posant assis sans qu’ils soient encore au stade de se mettre assis seuls, sont des entraves au développement harmonieux de leur capacité motrice. Les mouvements externes doivent rester libres au même titre que les mouvements internes d’énergie constructrice (esprit absorbant, périodes sensibles).

Un bébé, sauf trouble physique spécifique, finira toujours par tenir assis et par marcher. Chacun doit pouvoir être libre de se construire à son rythme.

La liberté de mouvement équivaut à la liberté de l'intelligence ce qui permet au potentiel humain de se développer et de s'exprimer.

Le développement psychique passe par le développement moteur

« Le développement mental et le développement spirituels peuvent et doivent être aidés par le mouvement, sans lequel n’existent mentalement ni progrès ni santé.» Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, page 116.

Le mouvement est le point d'arrivée du système nerveux, sans mouvement, pas d'individu. Les muscles mettent l'homme en relation avec son milieu. Les autres systèmes du corps humain ont un but purement individuel (organes végétatifs) alors que les muscles/système nerveux mettent en relation avec l'extérieur, système actif/d'action. Ils doivent être employés au bénéfice de tous. Les richesses spirituelles doivent circuler et être partagées.

La marche est une caractéristique de l’espèce que l’on retrouve chez de nombreuses autres espèces. Cependant, pour assurer la survie, toutes ces espèces disposent de cette fonction dès la naissance ou en tout cas très rapidement. L’Homme est le seul à naître avec le reflexe de marche, le perdre puis passer entre un an à deux ans à reconquérir cette fonction volontairement au travers de son observation du monde et de son expérimentation.

La marche lui permet d’accéder au monde, de partir en exploration toujours plus loin.

Le mouvement de la main est quand à lui très spécifique à l’espèce humaine et est l’expression de son intelligence particulière. La main permet le travail menant à la concentration et donc à la construction de soi, de son intelligence et de son rapport au monde. La main est un organe de préhension du monde, au même titre que les autres organes sensitifs.

Il est donc indispensable de proposer des objets à l’enfant de la naissance à six ans. Dans tous les cas, il se saisira de ceux qu’il trouvera à sa porté car ils représentent sa nourriture psychique et répondent à son impérieux besoin intérieur de construire et raffiner son mouvement pour pouvoir ensuite passer en six douze ans non plus à un effort physique maximum mais à un effort mental maximum.

Il est donc nécessaire de proposer des objets adaptés, qui lui permettront de se construire et d’atteindre la concentration. Cette concentration est d’ailleurs intrinsèquement liée à la posture du corps, elle en est le signe extérieur et n’est accessible que grâce à une posture de confort idéale, dos droit, tête droite.

Maria Montessori parle de philosophie du mouvement. Il ne s'agit pas de la bonne ou moins bonne réalisation d'un mouvement, on associe au mouvement, d'autres réalisations, intérieures : développement et expression de la confiance en soi par la capacité à agir dans et sur son environnement, développement de l'indépendance.

L'esprit absorbant a besoin de se nourrir de l'observation du mouvement humain dans son environnement pour pouvoir se préparer lui même au même mouvement. L'être humain doit absorber les caractéristiques humaines visibles dans son environnement pour pouvoir ensuite les incarner à sa façon.

Tous les êtres humains,sauf pathologie particulière, viennent au monde avec le même potentiel en termes de musculature et de formation du corps. Ce qui distingue à terme les capacités physiques d’un individu à un autre c’est le chemin de construction intérieur choisi.

Le mouvement est le lieu d’articulation entre le monde psychique et le monde externe, c’est le moyen d’exprimer sa volonté.

Tous les mouvements sont possibles en termes de coordination des mouvements, mais ils doivent être construits, l'enfant construit ses propres mouvements puis les perfectionne.

Par exemple, tout le monde écrit mais chacun a sa propre écriture, différente des autres.

« Le mouvement est ce qui distingue de l'inanimé, mais il ne doit pas aller au hasard, il faut des buts et des lois. » Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, page 119.

Les buts de l’enfant ne sont plus ceux de l’adulte.

Par exemple, l’adulte marche vers un but tandis que l’enfant marche pour s’exercer et pour se construire intérieurement en se nourrissant de ce que la marche lui met à porté de main. Il va au rythme de ce qui attire son regard et son intérêt sans se soucier d’aller à tel ou tel autre endroit dans un temps donné.

Chaque individu métabolise à sa façon les entraves et les soutiens auxquels il a été exposé.

L'important n'est pas de se mouvoir à tout va mais de maîtriser son organe moteur, via l'influence de la raison. Les mouvements délicats et sensibles sont l’expression d'un ordre et d'une discipline intérieure sinon, le corps est une barque à la dérive avec des mouvements anarchiques et la volonté extérieure est incapable de discipliner les actes.

L’aide utile dans le développement du mouvement de 0 à 6 ans

Une bonne partie de l’aide utile que peut apporter l’adulte repose sur le fait de limiter les entraves. Dans une société où le temps est un bien rare, l’adulte cherche en permanence à imposer son rythme à l’enfant, que ce soit en l’incitant à aller plus vite ou en réalisant les choses à sa place.

Il est indispensable de trouver un équilibre entre les moments où l’enfant pourra vivre son rythme de mouvement et les moments où il devra s’adapter aux contraintes de l’adulte.

Si les muscles et les mouvements ne sont pas assez développés, la vie psychique est limitée.

Si on impose des mouvements, on limite la vie psychique également, on travail « à vide » sans relation entre le cerveau, initiateur, et les muscles, exécuteurs de volonté. On empêche l'enfant de trouver son chemin de liberté.

Il est également primordial de veiller à ne pas se substituer à l’enfant. La substitution ne se fait pas seulement dans le fait d'agir à la place de l'enfant, elle peut aussi être dans l'infiltration de la volonté puissante de l'enfant. Ce n'est plus l'enfant qui agit mais l'adulte en l'enfant.

L’immobilité, comme l’entrave mène l’enfant au chaos. Dans le développement de son mouvement intérieur psychique comme dans celui de ses mouvements extérieurs, c’est le jeu des oppositions qui crée le mouvement : nous disposons de muscles antagonistes, qui permettent de réaliser toute une gamme de mouvements différents. L’antagonisme extérieur est aussi ce qui permet le mouvement, par un jeu d’ajustement avec l’extérieur.

« Ce qui importe donc, ce n'est pas l'accord, mais le contraste harmonisé, l'opposition dans l'accord. » Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, page 117

Le développement du mouvement passe également par la préparation de l’environnement.

Le nido

Pour les enfants de 0 à 3, le nido est l’environnement adapté. C’est un lieu de mouvement libre et sécurisé avec un accès à des objets adaptés à leurs besoins développementaux.

La marche est favorisée ainsi que les activités nécessitant le raffinement de la motricité fine.

L’adulte trouve sa place en veillant aux soins et au confort des enfants et en maintenant un climat propice à la découverte du corps et de ses capacités.

La Maison des Enfants

De 3 à 6 ans, la Maison des Enfants est l’environnement préparé pour répondre aux besoins de développement et de raffinement du mouvement. L’aire qui y répond principalement et qui vient alimenter majoritairement la période sensible du mouvement est celle de la vie pratique. En effet, l’enfant va y expérimenter tout un panel de mouvements possibles, engageant tout ou partie de son corps. La présentation adaptée ainsi que les points d’intérêt présents pour chaque matériel, seront les guides dans le perfectionnement et l’appropriation du mouvement par l’enfant.

Les autres aires sont également des sources de construction et raffinement du mouvement mais on tend progressivement à un effort maximum mental et non plus physique et le corps ayant acquis des bases solides et assurées, laisse la place à l’exploration mentale active et puissante.

Les premiers mouvements, notamment ceux de la main, sont l’équivalent des premiers mots et doivent être en ce sens encouragés et nourris avec le même soin. Toute la construction de l’enfant réside en cette liberté de se mouvoir et de pouvoir exercer sa volonté sur son corps.

Il ne faut pas entraver le mouvement de l’enfant mais l’accompagner dans son perfectionnement qui impliquera automatiquement le perfectionnement de sa construction intérieure.

Le mouvement, sa richesse d’expression et la subtile infinité de possibilités associées est, comme pour tout ce qui se construit durant l’enfance, un chemin vers l’expression ultime de l’Humanité : la paix, en soi et avec les autres.

Le projet Ce qu'il faut !

Ce qu'il faut ! C'est notre projet pour diffuser la pédagogie de Maria Montessori aux parents et aux curieux, pour leur donner ce qu'il faut pour accompagner au mieux les enfants.

Nous

Ce qu’il faut c’est Féfé, Mama, Fafa et Lolo.

Une belle équipe dynamique, soudée, joyeuse, travailleuse, bienveillante, bref une équipe, que dis-je, une famille de qualité supérieure.

Ce qu’il faut ! c’est aussi et surtout une équipe dévouée aux enfants composée de 3 éducateurs Montessori AMI 3-6 ans (dont 2 parents) et d’une psychomotricienne.